La relation complexe entre la France et ses entreprises est indéniable. Dans un pays forgé par l’État centralisateur, la liberté d’entreprendre et l’initiative privée ne reçoivent pas la vénération qu’elles méritent, contrairement aux pays anglo-saxons. Mais pourquoi ne pas changer notre perspective pour l’avenir ? À l’heure où nous évoquons un meilleur « partage de la valeur », nous lançons un appel à tous les acteurs économiques, qu’ils soient salariés, syndicats ou pouvoirs publics, pour qu’ils partagent les valeurs de l’entrepreneuriat.
Trinue libre de Christian PERSON, PDG de UMALIS GROUP, leader du portage salarial en France.
De la « Grande Démission » à la « Grande Refondation »
Si la tant redoutée « grande démission » ne s’est pas concrétisée, des milliers de salariés envisagent toujours d’évoluer professionnellement. Nous les invitons à devenir des « intrapreneurs », des entrepreneurs au service de leur employeur, afin de contribuer pleinement à la création de valeur ajoutée et à la définition des objectifs de l’entreprise. En parallèle, nous encourageons les chefs d’entreprise à permettre à leurs employés de devenir intrapreneurs, afin de moderniser la gestion de leurs équipes et de stimuler l’innovation en remaniant les rapports hiérarchiques.
Les Nouveaux Enjeux de l’Entrepreneuriat
Face à la perte de sens, rien de mieux qu’une refondation de notre modèle économique. Il est grand temps de développer un entrepreneuriat à la française qui réponde aux aspirations émergentes des travailleurs. Les entrepreneurs eux-mêmes doivent suivre cette voie. Le rapport 2021-2022 du Global Entrepreneurship Monitor révèle une moindre propension de nos créateurs d’activité à embrasser le numérique par rapport à nos homologues étrangers. Moins de 10% des néo-entrepreneurs français envisagent d’utiliser davantage le numérique au cours des six prochains mois, contre 40% en Allemagne et 55% au Canada.
Retrouver l’esprit d’innovation
Être entrepreneur, c’est aussi vouloir changer le monde intrinsèquement. Actuellement, notre volonté de changement est moindre que celle d’autres nations : seulement 25% des entrepreneurs français se sont lancés dans le but d’améliorer les choses, contre 50% au Royaume-Uni et 70% aux États-Unis. Nous exhortons donc les entrepreneurs à renouer avec l’innovation et le désir ardent de transformation. Des exemples émergent chez nos artisans d’excellence, qui réinventent des métiers traditionnels en les adaptant aux besoins contemporains, en utilisant des techniques de pointe telles que la découpe laser, l’impression 3D et le fraisage numérique.
L’Engagement pour redynamiser les territoires
Ces efforts doivent être maintenus, voire intensifiés, pour revitaliser nos régions et préserver les compétences traditionnelles tout en les conjuguant avec les impératifs de notre époque. Les entrepreneurs assument la lourde tâche de répondre aux défis sociétaux actuels et futurs. Faisons-leur confiance pour mener à bien leur mission avec audace et innovation, en exploitant toutes les nouvelles technologies à leur disposition.
La révolution de la pensée économique
La refondation de notre modèle économique nécessite également une révolution de notre pensée. Nous appelons en premier lieu les syndicats à défendre les entreprises aussi bien que les travailleurs qu’elles emploient. La réussite industrielle de notre voisin allemand s’explique largement par une cogestion efficace des affaires économiques et l’acceptation d’une équation logique : sans employeurs, il n’y a pas de salariés.
Les entreprises, bien plus que des unités de production
Il est temps que nos TPE-PME cessent d’être considérées comme de simples unités de production exploitant la force de travailleurs. Au sein de chacune d’elles, nous devons reconnaître les synergies qui se développent quotidiennement, dans un intérêt commun, celui d’une réussite collective.
La voie de la coopération
La régénération du capitalisme passe par une association renouvelée entre détenteurs du capital et de la force de travail, pour surmonter les clivages actuels. Cette revitalisation du lien entre les salariés et leur entreprise ne sera possible qu’avec la participation active des syndicats. Nous proposons à chaque acteur syndical de se considérer également comme un entrepreneur, en collaborant avec les entreprises pour créer des programmes de formation aux métiers d’avenir et en modernisant le dialogue social, actuellement délaissé par de nombreux salariés.
Le Rôle Incontournable de l’État
L’État joue un rôle crucial dans l’avènement de l’entrepreneuriat à la française. Nous appelons à simplifier les normes applicables aux entreprises et à éviter une législation excessive dès qu’une bonne intention se transforme en bureaucratie chronophage pour les entrepreneurs. Il est essentiel de co-construire toute la législation économique et sociale avec les entreprises, en conjuguant la protection des salariés, de l’environnement et de la croissance.
Une Harmonisation Nécessaire
Une modération de l’impact du droit européen serait bienvenue, car la France est l’un des rares États membres de l’Union à surtransposer les directives européennes au détriment de sa propre compétitivité économique. En fin de compte, il revient à chacun, dans son rôle, de cultiver l’esprit d’entrepreneur. Notre réussite collective en dépend.
Conclusion
La France a l’opportunité de revitaliser son esprit entrepreneurial, de réunir les forces du travail et du capital, et de créer un environnement propice à l’innovation. Ensemble, nous pouvons bâtir un avenir économique plus prospère et plus équilibré. La révolution entrepreneuriale est à notre portée, et il est temps de la saisir pour le bien de tous.