Objectif : décoder les forces qui propulsent ce modèle en France et relier les chiffres récents aux grandes tendances du marché.
Le portage salarial s’est structuré depuis les années 1980 et a reçu un cadre légal clair en 2008, puis renforcé en 2015 et 2017. Ce modèle hybride offre flexibilité pour les entreprises et sécurité pour les professionnels.
Sur le plan chiffré, le secteur a franchi 1 Md€ en 2018, avoisiné 1,25 Md€ en 2019-2020, atteint 1,7 Md€ en 2022 et vise ~2,4 Md€ en 2024. Ces chiffres illustrent une évolution soutenue malgré les fluctuations récentes.
Les DSN comptent ~33 196 personnes en 2023 ayant réalisé au moins une mission, tandis que des estimations sectorielles parlent d’environ 200 000 professionnels selon la méthode. L’âge moyen se situe autour de 46 ans.
Le cœur du marché reste concentré sur les prestations intellectuelles : informatique, consulting et management de transition, avec ~40% en Île-de-France. Ce rapport présente ensuite le contexte légal, les dynamiques de croissance et des scénarios 2025-2028.
Table of Contents
Points clés à retenir
- Un modèle en croissance forte, soutenu par des chiffres croissants.
- Mélange de flexibilité pour entreprises et sécurité pour professionnels.
- Données administratives et estimations sectorielles divergent : prudence sur les « chiffres ».
- Concentration sur les prestations à forte valeur (IT, consulting, transition).
- Le cadre légal récent a renforcé la confiance et la structuration du secteur.
Contexte macro et intérêt croissant pour un modèle hybride en France
Le modèle hybride qui combine statut salarié et autonomie commerciale s’impose comme une solution souple pour mobiliser des expertises ponctuelles.
Définition et périmètre : le système réunit trois acteurs : le salarié porté, la société de portage et l’entreprise cliente. Le professionnel négocie la mission, la société gère la facturation et verse un salaire au porté.
Historiquement pensé pour les cadres dans les années 1980, ce modèle s’est ouvert aux prestations intellectuelles : informatique, conseil, RH, marketing, formation et management de transition.
Intérêt pour les entreprises : accès rapide aux compétences, externalisation administrative via la société portage et réduction des risques contractuels.
Intérêt pour les consultants : indépendance dans le choix des missions et tarification, tout en conservant une protection sociale complète.
Place dans l’économie des prestations intellectuelles
Ce modèle fluidifie le marché en abaissant les frictions d’entrée pour les clients et les experts. Il favorise la transformation digitale en offrant une réponse rapide aux besoins pointus.
Pour en savoir plus sur l’optimisation des relations clients et structures, consultez notre guide pour optimiser le portage via l’accompagnement relation client.
Du cadre juridique aux bases d’une croissance durable
La trajectoire réglementaire explique en grande partie la robustesse actuelle du modèle. La clarté des règles a fait gagner en confiance les entreprises et les professionnels.
Des jalons législatifs qui structurent le dispositif
Chronologie synthétique :
- Années 1980 : émergence des premières pratiques.
- 2008 : inscription dans le code travail, reconnaissance officielle.
- 2010 : possibilité d’embauche en CDI par la société de portage, meilleure visibilité après plusieurs ans de maturation.
- 2015 : ordonnance du 2 avril, définition claire des obligations des trois parties.
- 2017 : convention collective nationale, droits renforcés et minima conventionnels.
Effets économiques de la sécurisation
La formalisation a distingué nettement ce modèle du travail temporaire. Le cadre juridique réduit les risques de contournement et homogénéise les pratiques de branche.
Résultat : plus de confiance des sociétés clientes, contrats plus fluides et meilleure prévisibilité pour la société de portage. Les salariés bénéficient d’assurance chômage, retraite et prévoyance, ce qui renforce l’attractivité du système.
Conclusion courte : une base légale solide favorise l’investissement, facilite la montée en échelle et constitue un levier de croissance durable.
Perspectives économiques du portage salarial
Depuis quelques années, les flux financiers et les effectifs confirment une tendance durable à la hausse.
Chiffres d’affaires et croissance
Le chiffre d’affaires agrégé dépasse 1 Md€ en 2018, progresse vers ~1,25 Md€ en 2019-2020, atteint ~1,7 Md€ en 2022 et vise environ 2,4 Md€ en 2024. Ces montants montrent une croissance en euros soutenue sur plusieurs années.
Volumes d’activité
Le nombre d’entreprises a évolué, de ~225 en 2015 à ~394 en 2023, certaines sources évoquant jusqu’à ~700 structures. Après une baisse ponctuelle de -5% en 2020, le secteur a récupéré ses volumes.
Les DSN recensent 33 196 personnes ayant réalisé au moins une mission en 2023, tandis que les estimations sectorielles montent à ~200 000 selon le périmètre.
Moteurs de la demande
- Transformation digitale et cycles d’investissement IT qui soutiennent la croissance.
- Tension sur les compétences : externalisation et time-to-hire réduit.
- Flexibilité pour les entreprises et valorisation des professionnels qualifiés.
Pour approfondir les tendances et projections, consultez notre analyse complète sur l’évolution du marché en 2024.
Impacts sur le marché du travail et profils des travailleurs portés
Le modèle porté joue un rôle clé pour maintenir des compétences expérimentées en activité, surtout parmi les cadres en transition.
Maintien dans l’emploi et tremplin vers l’indépendance
Maintien dans l’emploi : le dispositif aide les cadres seniors à rester actifs. Ils conservent accès à des missions et évitent la désinsertion. Cela préserve un vivier d’expertise utile aux entreprises.
Tremplin : pour les plus jeunes, le système sert de passage vers l’indépendance. Ils testent leur offre tout en gardant une protection sociale complète.
Secteurs et portrait type
Âge moyen : 46 ans. Les profils sont majoritairement des cadres. Les secteurs dominants : informatique, consulting et management transition. Forte concentration en Île-de-France.
Économie micro : autonomie, salaire et avantages
Le salarié porté bénéficie d’une grande autonomie pour choisir ses missions et d’un salaire sécurisé. Les avantages sociaux (maladie, retraite, chômage) offrent un filet de sécurité.
- Lisibilité des revenus et négociation directe avec les clients.
- Variété de missions qui actualise les compétences.
- Bénéfice pour les entreprises : accès rapide à des talents et gestion des risques.
Conclusion : ce modèle ajuste finement le marché travail, utile aux travailleurs et aux organisations, et favorise la qualité et la fidélisation des consultants.
Tendances internationales et modèles équivalents à surveiller
Les formes hybrides d’emploi se multiplient worldwide mais diffèrent nettement selon les cadres juridiques et fiscaux.
Royaume‑Uni : umbrella companies et réforme fiscale
Au Royaume‑Uni, environ 700 000 travailleurs utilisent des umbrella companies. L’IR35 a déjà modifié les pratiques.
Pour avril 2026, un transfert de la responsabilité de prélèvement de l’impôt vers les agences ou clients finaux est annoncé. Cette mesure vise à renforcer la conformité et la transparence du marché travail.
Belgique, États‑Unis et modèles proches
En Belgique, des coopératives comme SMart offrent une solution administrative aux freelances.
Aux États‑Unis, les PEO prennent en charge la paie et les obligations sociales pour des groupes d’indépendants.
« La demande converge vers plus de flexibilité, tout en réclamant des garde‑fous de qualité. »
Pays | Formule | Point fort | Limite |
---|---|---|---|
Royaume‑Uni | Umbrella companies | Grande diffusion (~700k) | Risque de non‑conformité |
Belgique | Coopératives (SMart) | Accompagnement administratif | Moins de statut salarié protégé |
États‑Unis | PEO | Externalisation RH complète | Pas d’équivalent au code travail |
France | Portage salarial | Cadre juridique clair (code travail) | Complexité réglementaire pour sociétés |
En synthèse, ces tendances confirment une demande globale de flexibilité et de protection. La France conserve un avantage compétitif grâce à son cadre juridique et sa convention dédiée.
Scénarios 2025-2028: croissance, risques et leviers d’accélération
Entre digitalisation et tensions sur les compétences, le marché peut croître rapidement si les acteurs s’organisent. Les projections FEPS proposent un chiffre d’affaires pouvant atteindre 15 milliards euros à l’horizon 2028.
Projections et impact sur l’emploi
Cette trajectoire représenterait plus de 600 000 ETP en mission et un effet levier sur les travailleurs et les salariés. L’augmentation de l’activité profiterait surtout aux secteurs IT, conseil et management transition.
Risques à maîtriser
- Notoriété limitée : seuls ~60% des cadres connaissent le dispositif.
- Hétérogénéité de qualité de service entre sociétés.
- Risque réglementaire : conformité indispensable pour préserver la confiance du marché.
Leviers pour accélérer
Pour les entreprises : sourcer plus vite les talents, intégrer le dispositif dans la planification et soigner l’onboarding.
Pour les consultants : se spécialiser, certifier l’offre et optimiser la tarification. La transition numérique reste un moteur clé pour multiplier les opportunités d’activité.
Scénarios : forte croissance si adoption et qualité progressent ; médian si la notoriété stagne ; bas si des incidents de conformité affectent le marché.
Conclusion
Le modèle français a prouvé sa capacité à concilier sécurité et souplesse pour les acteurs du marché.
Consolidé par le code, l’ordonnance de 2015 et la convention de 2017, ce système a montré sa résilience (CA ~1,9 Md€ en 2022, ~2,4 Md€ projetés en 2024). Il offre aux travailleurs autonomie et protection, et aux entreprises un accès rapide à des profils qualifiés.
Pour tirer parti de ces avantages, la qualité des services, la transparence des frais et la conformité des sociétés restent essentielles.
Adoptez le dispositif dans votre stratégie talents et découvrez ses bénéfices pratiques dans notre synthèse sur les avantages du portage salarial.
FAQ
Qu’est-ce que le portage salarial et comment se positionne-t-il dans l’économie des prestations intellectuelles ?
Le portage salarial est un modèle hybride qui permet à un professionnel de réaliser des missions en autonomie tout en bénéficiant du statut salarié. Une société de portage facture le client, verse un salaire au consultant et gère les cotisations sociales. Ce mécanisme s’insère aujourd’hui parmi les solutions pour externaliser des compétences et sécuriser des activités intellectuelles sans créer une structure indépendante.
Quel a été le jalon juridique majeur pour le secteur et quel impact a-t-il eu ?
La signature de la Convention collective de 2017, complétée par des évolutions du Code du travail (2008) et des ordonnances de 2015, a clarifié le cadre et renforcé la sécurité pour les salariés portés. Ce cadre a augmenté la confiance des entreprises clientes et permis une croissance mesurable du marché.
Quelle taille a atteint le marché en chiffre d’affaires et quelles sont les projections récentes ?
Le marché a connu une forte accélération : après environ 1 milliard d’euros de chiffre d’affaires en 2018, des études sectorielles annonçaient plus de 2,4 milliards en 2024. Les projections à moyen terme tablent sur une poursuite de la croissance si la qualité et la conformité sont maintenues.
Quels sont les principaux moteurs de la demande pour ce modèle ?
La transformation digitale des entreprises, la pénurie de compétences pointues et la recherche de flexibilité opérationnelle expliquent l’essor. Les sociétés recourent au portage pour accéder rapidement à des experts sans embauche longue, notamment en informatique et en management de transition.
Qui sont les travailleurs portés et quels profils dominent ?
On trouve majoritairement des cadres et consultants expérimentés, l’âge moyen tournant autour de 46 ans. Beaucoup utilisent le portage comme tremplin vers l’indépendance ou pour prolonger une activité professionnelle dans un cadre sécurisé.
Quels avantages sociaux et économiques offre le modèle aux professionnels ?
Les portés conservent la protection sociale du salariat (assurance maladie, retraite, chômage selon conditions), perçoivent un salaire net après frais, et bénéficient d’une gestion administrative simplifiée par la société de portage, tout en gardant autonomie et accès direct aux clients.
Le modèle français a-t-il des équivalents à l’international ?
Oui. Au Royaume-Uni, les umbrella companies et la réglementation IR35 encadrent des situations proches. La Belgique ou les États-Unis proposent des alternatives comme les coopératives ou les PEO. Néanmoins, la Convention collective française lui donne une singularité structurelle.
Quels risques le secteur doit-il maîtriser pour poursuivre sa croissance ?
Les enjeux majeurs sont la notoriété du modèle, la qualité de service des sociétés de portage et la conformité réglementaire. Sans contrôle sur ces points, la confiance des clients et des professionnels peut fléchir.
Quels leviers stratégiques peuvent accélérer le développement entre 2025 et 2028 ?
Les leviers incluent la montée en compétences des portés via la formation, une meilleure offre de services des sociétés de portage, et des partenariats avec entreprises clientes pour faciliter l’accès aux talents. L’innovation digitale des plateformes de gestion joue aussi un rôle clé.
Comment le portage salarial impacte-t-il l’emploi des cadres seniors ?
Le portage favorise le maintien dans l’emploi des cadres seniors en leur offrant une voie pour poursuivre des missions à haute valeur ajoutée, sans les contraintes d’un CDI classique. Il sert souvent de relais entre salariat et indépendance.
Quelles sont les tendances sectorielles où le recours au portage est le plus fort ?
Les secteurs dominants sont l’informatique, le conseil en stratégie et le management de transition. Ces activités demandent des compétences spécialisées et une réactivité qui correspondent bien au modèle porté.
Quelle part des missions est confiée à des sociétés de portage et comment évolue leur rôle ?
Les sociétés de portage jouent un rôle central: prospection, facturation, gestion administrative et conformité. Leur part de marché augmente avec la demande des entreprises pour des solutions clés en main et sûres.
Existe-t-il des indicateurs économiques fiables pour suivre ce marché ?
Oui : chiffre d’affaires agrégé des sociétés de portage, nombre de salariés portés, volume et durée des missions, et taux de transformation vers l’indépendance. Ces indicateurs permettent d’évaluer la santé et la dynamique du secteur.